2025-05-02 / G Rea, Ph Ledoux, A Bourdel / orgie de galaxies et un quasar au dessert
Le printemps est la meilleure période de l'année pour observer des galaxies. Gilles Rea, le boulimique galactique du club d'astronomie de Toussaint, s'en est fait une sacrée brochette, avec son télescope Ritchey-Chrétien de 200 mm de diamètre (équipé d'un réducteur de focale 0,67) et sa caméra ZWO ASI 2600MC. Des classiques du catalogue Messier, tout d'abord, comme les galaxies M95 et M96, dans la constellation du Lion
Si on zoome sur l'image de M96, on aperçoit au travers du bras du haut une autre galaxie, appelée 2MFGC 08391, bien plus lointaine : en effet, si M96 est à 32 millions d'années-lumière de la Terre, 2MFGC 08391 se balade, elle, à 800 millions d'années-lumière. Excusez du peu...
Dans la constellation de la Vierge, Gilles est allé rendre une petite visite à la galaxie elliptique super-géante M87. Sa masse équivaut à 200 fois celle de notre galaxie, la Voie Lactée. Le coeur de ce monstre est occupé par un trou noir super-massif responsable de l'éjection d'un jet de plasma qui s'étend sur plus de 5000 années-lumière. En zoomant sur la photo de Gilles, on aperçoit ce jet de plasma jaillissant au-dessus du coeur de la galaxie
Bon, OK, avec le télescope spatial Hubble, on voit un peu mieux ce jet...
Toujours dans la constellation de la Vierge, Gilles nous a photographié la jolie galaxie spirale M90, à gauche sur la photo ci-dessous, et la galaxie elliptique M89, à droite. Une bonne occasion d'apprécier l'extraordinaire diversité de formes des galaxies de l'univers
Philippe Ledoux a été nettement moins heureux, avec la Galaxie de l'Aiguille, NGC 4565, dans la constellation de la Chevelure de Bérénice. Le compte-rendu de cette session d'imagerie cahotique donne toute la mesure des difficultés de la pratique de l'astrophotographie sur le terrain : "J'avais emporté ma monture équatoriale de voyage StarAdventurer, ma lunette Takahashi FS-60 (focale 355 mm) et mon APN Nikkon 850D pour mon séjour dans le Loiret, où le ciel est bien plus noir que chez nous. Mais çà c'est franchement mal passé : tout d'abord, le frein des mouvements d'ascension droite de la monture s'est bloqué. Pas moyen de faire bouger cet axe pour bien cadrer la galaxie de l'Aiguille (NGC4565), expliquant qu'elle est restéez coincée en bordure du champ photographié et le fait qu'il n'y ait eu pour cette image qu'une seule et unique pose de 30 " à 16 000 ISO. Il m'a fallu démonter à la clé Allen la platine de la monture en pleine nuit, à la lumière de mon téléphone portable dont la batterie a vite rendu l'âme, m'obligeant à finir à tâtons le remontage de la platine... Pendant toutes ces manipulations à la gomme, la mise au point a bougé et je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite, expliquant l'aspect empâté des étoiles sur ma deuxième tentative de photo, cette fois sur le Triplet de galaxies du Lion. Bref, j'ai fini à 2 du mat' pour un résultat cataclysmique. Quand çà veut pas, çà veut pas ..." Pour commencer, ci-dessous, la photo de la Galaxie de l'Aiguille
Mais siiiii, regardez bien, elle est là, le long du bord gauche de la photo, toute perdue dans l'immensité de l'espace
Et pour voir à quoi ressemblent les étoiles sur une photo dont la mise au point a bougé derrière votre dos lorsque que vous oubliez de la vérifier, la photo toute pourrie de Philippe sur le Triplet du Lion. Bon, on voit quand même les 3 galaxies...
Pour comparaison, nous vous invitons à revisiter la page qu'avait rédigée Christian Lecointre le 24 avril dernier, pour nous montrer les photos du Triplet du lion qu'il avait réalisées avec son Seestar 50. La différence de qualité est nette
Les 101 objets du catalogue Messier le laissant sur sa faim, Gilles Rea est également allé titiller quelques objets du catalogue NGC, plus difficiles à photographier car bien moins brillants, comme le groupe de galaxies NGC 5005 et 5033, dans la constellation des Chiens de Chasse. Ces deux galaxies font partie de tout un groupe de galaxies et plusieurs autres petites taches floues galactiques sont aussi visibles sur la photo ci-dessous
Le zoom sur NGC 5005, qui vit sa vie à 65 millions d'années-lumière de nous :
Et le zoom sur sa "voisine" NGC 5033, située 53 millions d'années-lumière. Ces deux galaxies ont été découvertes par l'infatigable William Herschel, au XVIII° siècle (à se demander si ses collègues ne se tournaient pas les pouces !!!) :
La photo ci-dessous, prise dans la Chevelure de Bérénice, est intéressante par l'effet de perspective qu'elle donne à voir : la jolie galaxie NGC 4725 est située à 42 millions d'années-lumière de nous. Mais sa petite copine, en bas de la photo, est bien plus lointaine, à 224 millions d'années-lumière !
La galaxie spirale barrée NGC 4395 a aussi été accrochée avec succès au tableau de chasse de Gilles :
Pour le fun, on vous a mis aussi au menu la Galaxie de la Baleine (alias NGC 4631) et la Galaxie de la Crosse de Hockey (alias NGC 4656) :
Ces deux galaxies, distantes l'une de l'autre de seulement 500 000 années-lumière, seraient en interaction gravitationnelle, ce qui expliquerait la déformation en crosse de hockey de NGC 4656
Une photo de la Chaîne de Markarian, dans la constellation de la Vierge, donne une bonne idée du nombre de galaxies observables au printemps. La photo ci-dessous, réalisée par Alain Bourdel avec sa lunette TS de 125 mm de diamètre et de 975 mm de focale, a nécessité 260 poses photo de 30 secondes chacune
Enfin, pour les astrophotographes tendance punk, Gilles s'est attaqué au quasar 3C 273.0, situé à 2,44 milliards d'années-lumière de nous, dans la constellation de la Vierge. Les quasars sont des trous noirs super-massifs, situés au centre de galaxies géantes très anciennes et très éloignées. Une page Wikipedia est consacrée aux quasars si vous désirez en savoir plus
Après, avouons-le, 2,44 milliards d'années-lumière, ce n'est pas vraiment la porte d'à côté...Fallait oser... Mais Gilles n'a peur de rien...
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